Le bastion fut aménagé sur une petite butte calcaire isolée à près de 100 mètres de la pointe sud du plateau. Il fut construit pour adapter le dispositif défensif de Quirieu aux progrès de l'artillerie à feu.
Son emplacement est aisément repérable sur le terrain. Il subsiste quelques vestiges de cet ouvrage restitué par les gravures de TASSIN. L'analyse topographique révèle que le bastion était entouré d'un fossé apparemment taillé dans le substrat calcaire.

Un texte conservé aux archives départementales nous donne d'utiles indications sur les origines de ce poste de défense avancé. Il fut construit suite à un ordre envoyé en 1544 par le "Capitaine du château et de la ville de Quirieu» à l'attention du gouverneur du Dauphiné, le futur Duc François de Guise.
Le document trouvé par Alain Belmont*aux Achives Départementales de l'Isère se trouve à la cote 4E 245/92 (Texte sur le Bastion, 1544)

La transcription du texte par Madame Annick Clavier :
Quirieu est seule forteresse pour deffendre / le Daulphiné du cousté de Bresse et par ainsi / du cousté de la Franche Comté Et faut croyre / asseurement quil na point este mis sur ung / cotaud Relleve sur le bort du Rosne au millieu / dune playne que sperant en faire une place pour / fere teste aux ennemyz Et quant la fortiffication / y commencée sera achevée il ne fault doubter / que ce ne soyt lune des plus principales du pays / Aussi esse la derniere de ce couste la les ducz / de Savoye avoyent a lopposite faict une aultre / place nommee Sainct andre que me faict croyre / que ladite place estoyt tousiours de crainte aux / ennemys Il ne la fault donc layssee ainsi / despourvue mais plus tost la rendre belle et / si forte quelle merite et que le service du Roy / le requiert ce que tout homme d’esprit peust / facillement juger.
Le texte en français moderne par Madame Annick Clavier :
Quirieu est la seule forteresse existant pour défendre le Dauphiné, face à la Bresse et la Franche-Comté. Elle n'a été placée sur un coteau aussi élevé sur le bord du Rhône, au milieu d'une plaine, que dans le but d'en faire une place pouvant résister aux ennemis. Et quand la fortification qui y est commencée sera achevée, on ne peut douter que ce sera l'une des plus importantes du pays. C'est d'ailleurs la dernière place de ce côté. Les ducs de Savoie ont en face une autre place forte appelée Saint-André, ce qui me fait croire que celle de Quirieu leur fait toujours peur. Il ne faut donc pas la laisser dépourvue de défenses, mais plutôt la rendre belle et bien forte, autant qu'elle le mérite et que le service du roi le requiert, chose dont tout homme d'esprit peut facilement se convaincre.
*Alain Belmont a commencé sa carrière comme enseignant d’histoire-géographie en lycée. Puis il s’est orienté très vite vers l’enseignement supérieur, devenant ATER, maître de conférences puis professeur à l’Université Grenoble-Alpes, après soutenance en 2004 d’une Habilitation à Diriger les Recherches préparée à l’Université de Caen sous la direction de Jean-Marc Moriceau et portant sur les carrières de meules de moulins, du Moyen Age au XIXe siècle.
Ses travaux se distinguent par la double approche historique et archéologique, ce qui l’a amené à diriger une vingtaine de chantiers de fouilles menés en compagnie de ses étudiants, et à enseigner dès 2004 l’archéologie de l’Epoque Moderne, une discipline à la pointe de la recherche. Soucieux de partager le fruit de ces travaux collectifs, il a aussi mené plusieurs chantiers de valorisation patrimoniale et notamment l’aménagement de trois sentiers de découverte de carrières de meules, situés dans les départements de l’Isère, de la Dordogne et de l’Hérault.
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